Je crache
Voici un article que j'avais écrit il y a quelques semaines, mais qui n'était destiné à ce blog. Mais étant donné que son port d'attache d'origine est dans les choux, je me permets de le mettre ici ;)
J’en ai marre… de ma télé.
Ma télé est bidon et ne cherche plus à communiquer, informer, ou distraire, mais à vendre.
Ma télé est devenue un outil marketing à part entière.
A quelques très (trop !) rares exceptions près, les programmes des chaînes dites hertziennes sont établis par rapport à la nouvelle définition de leur métier.
Citation de Mr Patrick Le Lay : " Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective ”business”, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit (...).
Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible (...).
Rien n’est plus difficile que d’obtenir cette disponibilité. C’est là que se trouve le changement permanent. Il faut chercher en permanence les programmes qui marchent, suivre les modes, surfer sur les tendances, dans un contexte où l’information s’accélère, se multiplie et se banalise. "
Au moins, il est franc, et nous, nous sommes prévenus. On aura donc compris « pourquoi » les programmes ne sont plus intéressants ou instructifs, mais vidés de tout sens ; ce afin de ramollir et rendre malléable l’attention et le cerveau des téléspectateurs. Ce cerveau doit être mis en condition (conditionnement, et tout ce que ce genre de notion implique). On fait du téléspectateur un mouton, un (et seulement) consommateur. Et pour ça, nul besoin que ce dernier ai une quelconque réflexion.
De plus, il faut pouvoir toucher le maximum de monde. Il faut donc simplifier, standardiser encore et encore les programmes. Puis les renouveler (il ne faudrait pas que ça devienne lassant, et donc qu’ils s’en détournent), trouver constamment de nouvelles idées (pas évident avec un « cahier des charges » aussi stricte), et faire en sorte qu’elles touchent au but. Seul problème : la télécommande. Zapper pendant les pubs devient un acte héroïque de résistance, un pied de nez au moutonnisme, une insurrection !
La télé n’a bien entendu jamais été lumineuse, mais elle l’a tout de même été plus qu’elle ne l’est actuellement. Il y a toujours eu des programmes proches du zéro absolu, mais pas autant. Il n’y a presque plus que ça, d’autant plus que le cinéma actuel tend vers la même direction (standardisation, uniformisation pour plaire au plus grand nombre, etc…).